Nouvelle saison oblige, les jeux de baseball ont le vent en poupe. Aux côtés du très classique MLB 15 : The Show, une autre simulation du genre, nommée sobrement Super Mega Baseball, sort dans nos contrées, jusqu'ici peu enclines à accueillir une discipline plutôt confidentielle. Mais le pari du studio Metalhead Software a été calculé, son dernier-né ayant reçu des critiques dithyrambiques de l'autre côté de l'Atlantique. L'occasion de voir si nos goûts en matière de sport diffèrent vraiment de ceux de nos amis américains...
Une pluie de critiques positives, ça attire forcément l'oeil. Un titre de "meilleur jeu de sport de l'année 2014", décerné par Polygon, ça intrigue. Ajoutez que cet accueil enthousiaste a été reçu par une simulation de baseball créée par un mystérieux studio canadien, et voilà pourquoi nous nous sommes plongé avec allégresse dans les méandres du Playstation Store pour savoir si ce Super Mega Baseball méritait d'entrer au Hall of Fame.
Super Mega Baseball prend à revers tous les codes fixés par ses rivaux, MLB : The Show en tête. Faute de pétrole, Metalhead a des (bonnes) idées. Et en s'affranchissant des licences officielles de la ligue, l'éditeur a souhaité parodier tout l'univers du baseball (joueurs, terrains, coups élémentaires) selon ses goûts, plus ou moins décalés. Cette ligne directrice donne forcément une toute autre lecture de cette discipline, beaucoup plus drôle, mais ne bafoue pas pour autant son aspect pointu. Question de respect. Le but de cette politique bien calibrée ? Offrir une porte d'accès aux moins avertis, amuser illico presto le grand public, et lui donner l'impression de disputer autre chose qu'un classique match de baseball. Un peu comme le fait Nintendo en transformant son "Mario" en décathlonien.
Mario fait du baseball... sans Mario
Encore faut-il arriver à concilier accessibilité et profondeur. Camelot, avec sa série Mario Tennis, reste un exemple à suivre, avec d'un côté une prise de main pensée pour tous, et de l'autre une richesse étonnante où contres-attaques, feintes et points arrachés rythment les parties. Et bien figurez-vous que Metalhead s'en sort avec les honneurs du jury en se calquant sur ce modèle et en simplifiant au maximum les commandes de base. A chaque item est attribué une touche et une partie cinématique - zappable à souhait - vous permet de donner des consignes à vos attachants petits avatars. Un didacticiel, bien réalisé, est même prévu à cet effet. Il faudra néanmoins maîtriser sur le bout des doigts toute la panoplie des coups disponibles (sauts, plongeons, rattrapages in-extremis, frappes lourdes, etc.) pour pouvoir dominer vos adversaires. Ce système évolutif laisse aux joueurs une grosse marge de progression, le temps d'affiner votre sens du timing et de la tactique. Un procédé éculé mais terriblement addictif.
Mais le studio ne s'est pas contenté de rendre son joyau suffisamment réactif et souple pour que les matches demeurent intéressants en toute circonstance. Il est allé plus loin en conservant ce qui fait le sel de ce sport, à savoir la variété des actions et la pertinence des statistiques. Celles-ci, autant batte en main qu'au lancer, sont ultra-complètes, même si l'on atteint pas l'obsession aiguë de Brad Pitt dans "Le Stratège" (Moneyball en VO). Néanmoins, à chaque point réussi pendant la partie, vous accumulerez des étoiles, qui vous permettront de gagner des niveaux. Dès lors, vous pourrez engager du personnel pour entraîner et gérer vos protégés afin d'améliorer leurs compétences. Un vrai côté RPG qui offre une belle richesse une fois que l'on monte la difficulté, ou que l'on s'attaque aux joueurs déjà rompus à l'exercice.
Un vent de fraîcheur bienvenu
Point rébarbatif du baseball, du moins pour les novices, la durée des rencontres, parfois interminable. Une rencontre réelle peut s'étendre pendant des heures avec énormément de temps mort où il ne se passe pas grand chose sur le terrain. Avec Super Mega Baseball, tout a été synthétisé pour qu'un match en neuf manches ne dure pas plus qu'une vingtaine de minutes. De manière générale, la personnalisation a été mise en avant par cette remarquable équipe canadienne. De l'apparence de l'équipe aux paramètres d'une partie, tout est customisable pour vous procurer un maximum de fun selon vos dispositions. Ainsi, en solo comme en multijoueur local (coopération ou compétitif), vous y trouverez votre compte et ne resterez jamais sur le carreau à attendre votre tour. Par exemple, si vous avez un coéquipier, vous alternerez entre frappe et course à chaque passage à la batte, et entre lancer et rattrapage à chaque tour de batte. Ce qui implique une attention de tous les instants.
Vous l'aurez compris, Super Mega Baseball est une véritable petite bombe de générosité. Son aspect graphique très comique ne gâche en rien la chose. Ce n'est bien évidemment pas étourdissant à l'écran, mais le jeu demeure très propre et le côté "cartoon" des joueurs est des plus réjouissants. Des visages aux nombreuses mimiques, en passant par le look décapant des personnages ou la diversité des stades, tout est réussi visuellement, et cela contribue à rendre ce titre rafraîchissant. Car à l'heure où l'on nous ressort la même soupe chaque année, à n'en prendre plus aucun plaisir, voir émerger ce genre de simulation décalée nous laisse espérer des déclinaisons possibles pour des sports plus populaires que le baseball... Ou du moins propose une alternative crédible dans la course éffrénée au réalisme. Aux éditeurs de mouiller le maillot !